Feuilles droites
L’Union européenne et la stratégie de désengagement énergétique avec la Russie

L’invasion Russe de l’Ukraine et la guerre féroce déclenchée par la violation de la souveraineté d’un pays européen, à partir de cet l’instant fatidique où on voit les premiers convois de l’armée russe envahir les terres ukrainiennes afin de contrôler frontières terrestres, accès maritimes, ports, ainsi que toutes les centrales nucléaires, en évitant de viser les gazoducs transportant le gaz russe vers l’Europe, cette invasion a fait surgir des craintes et des préoccupations européennes jadis refoulées sur une dépendance quasi totale vis-à-vis des approvisionnements énergétiques russes.

La série de sanctions économiques et sa liste qui s’allonge de jour en jour, sur insistance des États-Unis d’Amérique, affectent les ressources les plus importantes de l’économie russe, à savoir le pétrole et le gaz, afin de freiner la tendance expansionniste de la Russie et la vaincre militairement dans une zone hautement stratégique pour le transit de gaz ainsi que la production mondiale de céréales des plus importantes.

L’escalade dangereuse quasiment quotidienne au fil des heures dépasse les frontières de l’Europe et consiste un dangereux précédent après les menace à peine voilée d’utilisation de l’arme nucléaire, puis le chantage par la famine mondiale si la communauté internationale ne cède pas à la violation flagrante du droit international et ses répercussions sur la sécurité des approvisionnements énergétiques de l’Europe ont rendu tranchante sa décision de rompre les liens économiques, commerciaux et énergétiques avec la Russie, l’obligeant à temporiser ses désengagement avec les Russie par étapes précises selon les priorités et les capacités.

À court, moyen et long terme, l’Union européenne devrait prendre des mesures de précaution pour pouvoir progressivement remplacer pétrole et gaz russe, et trouver des alternatives plus fiables et plus sûres.

L’importance des pays du Golfe et du sud du bassin méditerranéen apparaît cruciale comme fournisseurs de crédibilité et une alternative de confiance en ses temps de crises.

Pour le pétrole, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’État du Koweït peuvent compenser l’offre russe, et ici nous soulignons l’importance de réhabiliter et respecter ces pays en tant qu’alliés, compte tenu de leurs préoccupations sécuritaires dans la région du Golfe arabe face aux menaces iraniennes et son ingérence via des opérations de déstabilisation et de terrorisme.

Contrairement à ce qu’avancent beaucoup d’analystes l’Iran ne peut subvenir aux besoins énergétiques européens, nous constatons que même le fait d’y penser comme solution est un péché stratégique, car c’est un pays qui pratique le chantage comme politique expansionniste, et demeure un fidèle allié de l’axe Russie-Chine, cela a été évident à travers les négociations marathoniennes sur l’accord nucléaire, ou à chaque étape l’Iran attend l’aval de la Russie pour y avancer, ces négociations qui même aboutissant à un contrat, il restera l’otage de la surenchère du régime iranien et son avenir étroitement lié au changements politiques des États-Unis d’Amérique, que ce soit au sommet à la Maison Blanche ou au Congrès.
Par conséquent, compter sur l’Iran comme fournisseur d’énergie est un pari risqué, car à la moindre mésentente entre les USA et l’Iran, l’Europe reviendra au point zéro de sa transition énergétique et cela pourrais dangereusement entraver son désengagement énergétique avec la Russie.

Ainsi, l’Union européenne et la Suisse doivent prendre les mesures suivantes :
Pétrole
– Remplacer le pétrole russe par du pétrole des États arabes du Golfe.
Gaz
– Court terme : l’approvisionnement en gaz liquéfié depuis les États-Unis d’Amérique.

– Le moyen terme : la résurrection des projets de gazoducs au sud du bassin méditerranéen, et ici soulignons l’importance de relier les champs gaziers nigérians au continent européen à travers les projets :

– NIGAL Trans-Saharan gas pipeline

– Galsi Gasdotto Algeria Sardegna Italia

Ces deux projets assureront l’approvisionnement en gaz de l’Europe via le Gazoduc reliant le Nigeria-Niger-Algérie-Italie, et de là vers la Suisse, la Slovénie, l’Allemagne, la Pologne et pays d’Europe de l’Est. Pour la réussite de ce projet pharaonique, un partenariat stratégique, politique, économique et sécuritaire doit être établi selon la formule gagnant-gagnant pour éviter que l’axe Moscou-Pékin ne domine la région du Sahel.

– Long terme : Un plan global de développement local des énergies renouvelables et la relance du projet DESERTEC pour la production d’énergie solaire dans le désert du Sahara, en Afrique du Nord.

L’importance stratégique de ces projets va au-delà des aspects économiques et commerciaux afin de conférer un véritable partenariat et un destin commun aux pays du bassin méditerranéen et du Golfe, moteur de développement et de paix qui affectera positivement et même accélérera la résolution de crises régionales, notamment en Libye et Mali.

Les investissements dans l’énergie, ainsi que dans la défense, atténueront le ralentissement économique causé par la hausse des matières premières, ouvriront une nouvelle page dans l’histoire des relations Nord-Sud et éloigneront le spectre du contrôle et domination par des forces malveillantes de pays stratégiques dans les régions du Golfe d’Arabie et l’Afrique du nord et subsaharienne …

Sarhane Saadi
Fondateur et Directeur Exécutif
SATAS International pour les études stratégiques

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